L'honneur de Saint Arnaud by Maspero François

L'honneur de Saint Arnaud by Maspero François

Auteur:Maspero, François [Maspero, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique, Essai, Biographie
Publié: 1993-01-21T05:00:00+00:00


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Il va pourtant se morfondre tout l’été à Blida et à Alger. Bugeaud est parti sur la frontière marocaine et le laisse « en troisième ligne ». Au début de l’année, le maréchal a essayé vainement de convaincre Abd el-Kader d’accepter l’« aman », contre la promesse de faciliter son départ pour La Mecque avec ses partisans. L’émir a-t-il été un moment tenté, comme le dit la légende, par cette chevauchée à rebours vers la source de l’Islam ? Peu probable, de la part de celui qui disait que, pour un soldat, une heure passée à combattre les infidèles valait mieux que soixante-dix ans à La Mecque. En tout cas, il a répondu à Bugeaud qui lui faisait valoir qu’une telle solution serait conforme aux lois de l’humanité : « Quant à l’humanité, je te demande qui en transgresse le plus les lois, ceux dont les armées ont envahi le pays des Arabes qui ne les avaient jamais offensés et apportent la ruine et la désolation, ou celui qui combat pour repousser cette injuste agression et pour délivrer son pays du joug des conquérants infidèles ? » Il est donc resté, toujours aussi actif, en établissant désormais sa base à Oudjda, au Maroc. Le sultan accepte de lui donner cet asile, ce qui est d’autant plus inquiétant pour les Français que les Anglais verraient d’un bon œil Abd el-Kader remplacer ce souverain faible et transformer le Maroc en un État moderne.

La suite de l’affaire est confuse. Paris ne voulait pas d’une guerre avec le Maroc, laquelle, comme Saint-Arnaud l’a parfaitement vu, remettait encore une fois en cause la paix européenne. Depuis trois ans, Guizot a tout fait, avec son homologue britannique Aberdeen, pour assurer celle-ci, et ses efforts ont été couronnés par un premier succès, la visite de Victoria à Louis-Philippe. Il s’agit donc seulement de faire pression sur le sultan pour qu’il chasse Abd el-Kader de son territoire et ferme la frontière. Pression matérialisée par le mouvement conjoint de l’armée et d’une flotte envoyée devant les côtes marocaines sous le commandement de Joinville.

Mais il est rare que l’on déplace de telles forces sans finir par s’en servir : ni Bugeaud ni Joinville n’ont envie de jouer les utilités. Le 11 août 1844, Joinville bombarde Tanger. Le 13, Bugeaud ravi, jugeant que la nouvelle situation rend caduc l’ordre du gouvernement de ne pas franchir la frontière, attaque avec onze mille hommes les forces marocaines qui campent sur l’autre rive de l’Isly et lui sont trois fois supérieures en nombre. Il a préalablement expliqué sa tactique à ses officiers : « Je donne à ma petite armée la forme d’une hure de sanglier. Écoutez-moi bien ! La défense de droite, c’est La Moricière ; la défense de gauche, c’est Bedeau ; le museau, c’est Pélissier ; et moi je suis entre les deux oreilles. Ah ! mes amis, nous rentrerons dans l’armée marocaine comme dans du beurre. » À midi, c’est la victoire : l’ennemi s’enfuit et le maréchal prend possession en grande pompe du parasol du fils du sultan (rebaptisé pour l’occasion « empereur »).



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